
Manifeste : Respecter le quota de 30% des terres aménagées aux Femmes
Chers leaders de partis politiques, chers futurs conseillers municipaux et maires,
Nous, femmes rurales vivant au Burkina Faso représentons plus de 7 millions de la population et vivons essentiellement d’activités agro-sylvo pastorales.
Bien que nous assurons plus de 60% de la production agricole, nous ne percevons que 4,3% des revenus agricoles et seulement 6% des femmes sont propriétaires fonciers.
Nous trouvons injuste qu’en dépit du rôle prépondérant que nous jouons dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage, de la transformation, continuions à vivre dans la pauvreté et voyons nos conditions de vie se dégrader de manière continue et inquiétante.
Nous les femmes rurales avons difficilement accès à la terre parce que :
1) rarement nous héritons de la terre ;
2) très souvent nous n´avons pas les ressources économiques pour louer un lopin de terre ;
3) généralement les autorités politiques nationales et locales nous oublient comme bénéficières de parcelles aménagées.
Malgré toutes ces contraintes auxquelles nous faisons face tous les jours, nous nous battons pour offrir aux consommateurs burkinabè un large choix de produits et mets locaux riches et variés afin d’assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Burkina Faso. Nous, femmes nous pouvons faire plus si nous sommes soutenues. Nous citons à ce titre la FAO « Si les femmes bénéficient du même accès aux ressources productives que les hommes, elles pourraient augmenter les récoltes de leurs exploitations agricoles de 20 à 30%, permettant de sortir de la famine, 100 à 150 millions de personnes dans le monde ».
Il est temps que cela change, il faut accomplir avec les décrets de cession des terres aux femmes rurales. Les femmes rurales, la société civile et les citoyens se sont mobilisés pendant la dernière élection présidentielle dans la campagne « Femmes Rurales Pour un Burkina sans Faim » pour demander 10 mesures de soutien aux femmes rurales. Six partis politiques – MPP, UNIR/PS, PAREN, Le Faso Autrement, Collectif Natama, UPC – ont signé chacun le 15 septembre 2015 -devant les femmes rurales, les media et la communauté internationale un engagement à mettre en œuvre les 10 mesures identifiées par les femmes.
La première mesure est «Accès et contrôle de la terre »: Nous voudrions que les autorités nationales et les collectivités territoriales mettent en place un dispositif opérationnel et efficace pour un accès équitable et sécurisé de la femme à la terre, le premier capital indispensable pour la production.
Chers leaders de partis politiques, chers futurs conseillers municipaux et maires
Nous femmes rurales, en collaboration avec les différents partenaires et alliés de la campagne CULTIVONS demandons :
- Aux futurs élus locaux (conseillers municipaux, maires) et les partis politiques de mettre en œuvre et respecter les engagements pris, d’affecter 30% des terres aménagées aux femmes.
- A l’Etat(gouvernement) et aux collectivités territoriales (maires des communes, conseil régional ) de traduire en acte concret l’article 75 de la loi 034-2009 qui leur donne la possibilité d’organiser des programmes spéciaux d’attribution à titre individuel ou collectif de terres rurales aménagées de leurs domaines fonciers ruraux respectifs au profit des groupes de producteurs ruraux défavorisés tels que les petits producteurs agricoles, les femmes, les jeunes et les éleveurs.
Article 75 : L’Etat et les collectivités territoriales peuvent organiser des programmes spéciaux d’attribution à titre individuel ou collectif de terres rurales aménagées de leurs domaines fonciers ruraux respectifs au profit des groupes de producteurs ruraux défavorisés tels que les petits producteurs agricoles, les femmes, les jeunes et les éleveurs.
Ouagadougou le 08 Mai 2016